6 janv. 2013

Je lance la première pierre: sociologie du blog de mode

Depuis le début je clame mon amour pour les blogs de mode autant que je les rejette particulièrement. J'ai bien entendu quelques préférés, et j'en ai supprimé une bonne partie de ma liste de favoris (surtout ceux qui m'impressionnaient "au tout début"). Dichotomie dont je ne suis pas forcément fière, et si je lance des cailloux sur les autres, j'ai tendance à m'en prendre quelques-uns aussi dans la tronche pour cette même raison.

Le sujet tombe bien, Lisa de Make my Lemonade l'évoque même aujourd'hui, suite à un article dispo sur la version Abonnés du Monde.fr sur les "blogueurs professionnels". Je ne m'étais pas trop posée la questions plus tôt, jusqu'à ce que ma mère me demande quand je pourrais gagner de l'argent avec The Best Bridesmaid. Ce n'est pas le cas ni l'objectif de ce blog, mais l'idée fait toujours refléchir forcément, et ma seule réponse aura été de rigoler. J'ai donc refait le point sur mes années internet, pour faire une petite sociologie perso des blogs de modeuses parmi les liens présents dans mes favoris.

Viens dans mon dressing, que je te montre ce que tu n'es pas

Il existe plusieurs niveaux, voire même de générations, entre les blogueuses (car pour l'instant l'inégalité des sexes dans le milieu est évidente) de mode:
  • Celles qui sont là depuis le début et qui ont réussi à faire leur trou dans le numérique mais aussi dans les médias plus généraux, en sortant un bouquin, en semant par-ci par là des interviews dans des magazines, ou en quittant carrément la blogosphère pour toucher d'autres champs d'action (radio, télé,...). Celles-là m'ont vraiment impressionnée depuis le départ, car dans ma docilité et naïvetés évidentes, je pensais que la blogueuse lambda était capable de se payer des chaussures chez Gucci et se ballader en Dior ou Chanel rien qu'en dénichant des pièces rares dans des magasins vintage (je suis mignonne parfois). Et malgré tout, elles continuent à avancer et vraisemblablement vivre de leur site grâce à un sponsoring tourné luxe (il suffit pour cela de regarder les marques des styles et des dressings). Un article/un look par jour, respect quand j'ai personnellement du mal à trouver du temps entre ma vie et pro et perso pour en plus trainer sur mon ordi. Ici je citerai donc les fameuses Garance Doré, Ballibule ou encore Betty, qu'on les aime ou pas, elles sont bien là et comptent bien le rester.
  • Celles que j'appelle les "Wanabe Blogueuses": 2e génération de blogueuses, celles-ci ont repris à leur sauce les "trucs qui marchent", à savoir les tonalités, les poses, les sourires en coin. Elles se situent dans un "entre-deux" qui fonctionnent, en organisant des vide-dressings, en proposant du DIY (ceux que les premières ont arrêtés depuis des lustres), et en touchant un public plus proche de la réalité en mélangeant le Dior à Zara et H&M. C'est sur elles que j'ai envie de lancer du gravillon, car je n'arrive pas à y déceler de l'authenticité, de la passion, du glamour. Ici je pense par exemple à Margot ou bien Valentine.
  • Le commun des mortelles, toutes celles qui ont ouvert leur blogspot ou wordpress mode en espérant être reconnues, appréciées, visitées, et dont le cadre ne dépasse rarement celui de ses copines et de son réseau facebook (là je me lance des cailloux toute seule). La mode fait rêver, les compositions plus amatrices (normal lorsque l'on est pas sponsorisé par le dernier Canon), et les pièces viennent rarement de plus cher que Naf-Naf et Zara cumulés.

Pourquoi lancer des cailloux si je les aime?

Parce que je ne trouve plus l'aspect créatif des premiers jours, qui m'obligent à retourner vers le gratin des magazines mode (c'est comme surfer de Femme Actuelle à Vogue, tous les deux magazines que j'aime beaucoup ne vous détrompez pas).
Parce que je pense à toutes celles qui n'ont pas les moyens et qui pourtant rêvent de la célébrité bloguesque et se démontent pour créer des looks accessibles pendant que les autres se font offrir spas, voyages, matos informatique, etc...
Parce que j'en ai marre des blogs qui partagent les mêmes cadres, les mêmes adresses, les mêms DIY, et de ces filles qui ont tendance à oublier que la "Duck face" n'est plus à la mode.
Parce qu'on ne trouve plus rien de vraiment original finalement.
Parce que je rigolerai toujours de cette blogueuse qui sur son compte Twitter critique le placement de produits, mais qui en fait son gagne-pain au quotidien sur son blog.

J'apparais donc je suis

Ecrire un blog est un travail particulièrement narcissique si l'on ne se penche pas sur un sujet autre que soi-même, sa vie, ses looks, ses coups de gueule. Cette citation de Pennac me marque toujours autant:

"On écrit pour en finir avec soi-même mais dans le désir d'être lu, pas moyen d'échapper à cette contradiction. C'est comme si on se noyait en criant "regarde, maman, je nage!" Ceux qui hurlent le plus fort à l'authenticité se jettent du quinzième étage, en faisant le saut de l'ange: "voyez, je ne suis que moi!" Quant à prétendre écrire sans vouloir qu'on vous lise (tenir un journal intime, par exemple), c'est pousser jusqu'au ridicule le rêve d'être à la fois l'auteur et le lecteur." Daniel Pennac, Le dictateur et le hamac

Le blog de mode est identique, voire pire, si l'on s'affiche sous tous les angles, à l'infini, petite moue sur les lèvres pour dire qu'on s'éclate même si on a froid en petit short quand il fait à peine 10° dehors. Lecteur/lectrice, tu comptes, donc je souris. Sur les réseaux sociaux (FB et Twitter surtout), certaines regrettent le temps où à la blogueuse présentait son look du jour ou son DIY, sans montrer son visage. Certes, pas évident si vous voulez mettre en avant votre bonnet à voilette, mais cela dit bien quelque chose sur le point central de l'image.

Et le photographe dans tout ça?

Généralement la moitié de ces dames, que l'on ne voit jamais mais qui se retrouve photographe au quotidien, attaquant sa dulcinée à coups de photos par le profil gauche, droit, face, dos mais retourné en souriant ("vas-y mon amour, je viens de te dire une blague super sympa, ris voyons, la couleur de tes dents ira bien avec celle de ton bonnet"). Qu'il le fasse par amitié ou amour, certes, mais je le plains quand même, lui qu'on ne voit pas et dont le travail pourtant rempli les pages internautiques.

Fait divers: The Best Bridesmaid tout gravillonné

Je rouspète je rouspète, mais je le répète, je me lance des cailloux, moi et mes analyses de statistiques et ma quête ratée de commentaires. Je regarde ces pages, je laisse des commentaires, je pompe quelques idées vestimentaires (pour finalement ne pas les appliquer, à 30° à l'ombre le petit poncho et la paire de boots ne me sont pas de grande utilité) et je remplis le vide de mes journées au bureauen surfant.

La preuve, je vous refais de la pub pour la page Facebook de The Best Bridesmaid, venez la " Liker", j'en suis certaine on n'en sera que plus copines vous et moi *Duck Face et sourire en coin*

 

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